Se centrer sur ce que l'on entend, sur son souffle, sur les sensations du corps, pour ralentir les bavardages et ruminations ô combien nombreuses et puissantes de l'esprit. Pratiquer ces retours vers les instants du présent autant que faire se peut, dans les files d'attente, sous la douche, en se rasant le matin (au lieu de penser à l'Elysée!!!),  après une réunion, entre deux rendez-vous…

Et cela ne va pas sans nous rappeler le témoignage de Jacques Lusseyran dans son livre "Et la lumière fut" qui, prisonnier du camp de concentration de Buchenwald, se force à se recentrer sur l'instant présent pour survivre, à "consommer chaque seconde jusqu'au bout, s'en rassasier" car "les souvenirs sont choses trop douces, trop proches de la peur : ils mangent vos énergies" (p.264-265).

Cette prise de conscience répétée des petits gestes de la vie nous connecte à nous-même, nous permet de nous sentir d'une part, et de nous sentir mieux, d'autre part, non pas de manière immédiate et flagrante mais juste un tout petit peu mieux. Et tous les petits mieux porteront leurs fruits et deviendront un vrai mieux.

Ils ne parviendront pas forcément à arrêter nos angoisses, inquiétudes et tristesses, mais à mieux les accepter, à vivre avec, à en atténuer l'influence. Car il n'y a pas de remède miracle à la souffrance du corps et/ou de l'esprit et les vieux démons finissent toujours par se réveiller. Mais l'acceptation et la prise de conscience nous aident face aux problèmes insolubles.

Il s'agit donc d'interrompre le flux d'activités du week-end (mails, bricolage, ménage, sport, cuisine…), des vacances voire de la semaine et de pratiquer des "cures de rien, de simple, de calme, de monoactivité" (p.141).
Et c'est là le but de la pleine conscience, c'est qu'il n'y a pas de but.On est là, présent, on respire, on contemple, on écoute, on prend le temps de faire une pause pendant quelques instants et de ressentir que l'on existe.

Les vieux qui s'asseyaient le soir après le dîner sur un banc de leur village étaient certainement plus proches d'une vie de pleine conscience que les jeunes qui passent de facebook aux séries télévisées (même si certaines sont très bien réalisées) puis retour à leur smartphone!!!

Christophe André ne laisse pas ses lecteurs dans la théorie, ni ne préconise une vie d'ermite, bien au contraire. Il est lui-même un exemple de ce en quoi il croit et qu'il pratique seul ou avec ses patients depuis des années. Marié, père de trois enfants, psychiatre et psychothérapeute reconnus, écrivain, conférencier, il ponctue ce livre à la fin de chaque chapitre de leçons et d'exercices pratiques et ajoute un CD de méditations guidées.

 Il développe ici une des parties de son livre "Les Etats d'âme, un apprentissage de la sérénité", en l'illustrant d'exemples et d'exercices.

Même si je ne fais pas l'expérience de toutes les étapes décrites par l'auteur pour tendre vers la pleine conscience de sa vie, loin s'en faut, chacun assimilant à sa propre vitesse, je ne peux que saluer la cohérence, l'honnêteté et le respect d'autrui dont il fait preuve.

Et cette envie d'aider nos âmes en souffrance à se retrouver, à trouver l'apaisement, le sens, le goût de la vie, du bonheur, des petits bonheurs de la vie, comme passer du temps à écrire ces lignes puis à les partager, chose importante mais non urgente, qui fait du bien.

Laure